<261> bout des doigts, je sue et je travaille. Il est naturel de prendre part à ce qui nous touche intimement; aussi dit-on d'un général que lorsqu'il avait un bon quartier, il s'écriait : Voilà l'armée bien campée! Tout le monde en fait à peu près autant. Je ne l'approuve pas, mais cela est inhérent à l'homme; pourvu qu'on ait un cœur et de la sensibilité, il faut pardonner le reste. Je souhaite, mon cher frère, que vous en fassiez autant, vous priant de me croire avec une parfaite amitié, etc.

97. AU MÊME.

Gross-Nossen, 3 octobre 1761.



Mon très-cher frère,

Je ne saurais tarder de vous avertir du cas triste qui vient de m'arriver ici; nous venons de perdre d'une manière à peine croyable la ville de Schweidnitz, que Loudon a surprise, l'ayant attaquée la nuit du 1er de ce mois, d'assaut, en sept différents endroits à la fois, et forcée, l'épée à la main, dans un temps de deux à trois heures, sans tirer un coup de canon contre la ville et sans y jeter une bombe. On veut me persuader que la garnison s'était défendue assez valeureusement, et que l'ennemi avait perdu beaucoup de monde, mais que, ne se souciant pas de sa perte, et relevant toujours les assaillants avec de nouvelles troupes, la garnison avait été forcée.a Voilà cependant des circonstances que je ne saurais vous garantir, n'ayant pas des nouvelles sûres sur cela.


a Ce fut le général de Zastrow, dont le Roi parle dans sa lettre au prince Henri, du 24 mai 1761, qui rendit Schweidnitz, le 1er octobre.