<326> dans ma retraite, je vous avoue que cela me fera plaisir. C'est le cas où se trouvait le vieux maréchal de Schulenbourg à Venise. Il allait aux assemblées, où un vieux barcarolo qui le conduisait lui disait quelquefois : « Monseigneur, ne voulons-nous pas nous retirer? Il me semble que nous ennuyons ces gens-ci. » L'autre lui répliquait : « Ils m'amusent; restons. »a Vous serez toujours le maître de vous en retourner à Rheinsberg lorsque vous le voudrez; puis je pourrai vous montrer des esquisses de vos plafonds, que Guglielmi a croquées. J'ai été à Berlin pour me débarrasser du corps diplomatique, ministres arrivés, ministres partant, ministres négociant; j'ai profité du temps pour prendre des arrangements pour la manufacture de porcelaine que j'ai achetée de Gotzkowsky.b Toute l'entreprise sera arrangée au mois de juin; cinq cent sept personnes, ouvriers, y trouvent à être employées; c'est une suite des prodigieuses banqueroutes d'Amsterdam et de Hambourg.c J'ai sauvé de nos marchands tout ce qui était sauvable, et, Dieu merci, à présent tout cela est passé. Le mal dont on se ressent encore est que tout le commerce de change est interrompu, et que l'on ne peut payer ni recevoir de l'argent nulle part. J'ai dîné chez mon frère Ferdinand, dans sa nouvelle maison,d qui est très-bien arrangée; il se porte assez bien. Les nouvelles que l'on a de Spa font espérer l'entière convalescence de ma sœur, ce qui me fait beaucoup de plaisir. Je vous attends donc, mon cher frère, avec impatience. Tout ce que je puis vous promettre est un bon visage d'hôte, et la satisfaction de vous assurer de vive voix de la tendresse et considération avec lesquelles je suis, etc.


a Voyez t. XVIII, p. 263.

b Voyez t. XIX, p. 161.

c Voyez t. VI, p. 87, et t. XVIII, p. 268.

d Le palais de l'ordre de Malte, place Guillaume, à Berlin. Il appartient maintenant à S. A. R. Monseigneur le prince Charles de Prusse.