<339> apparence que nous parviendrons à la conclure. Ce sera le meilleur héritage que je pourrai laisser à mon neveu, et qui pourra prolonger la paix pour bien des années.

Mon cher neveu me quitte; il va en Angleterre pour se marier. Tout cela est plus éblouissant que solide, car on ne sait où l'établir, et l'on dispute, les uns pour que ce soit à Lünebourg, les autres à Wolfenbüttel. Mais quel que soit le lieu dont on tombe d'accord, il n'y prévoit pas beaucoup d'agréments.

La ville de Berlin a perdu le peu de bon sens qu'elle avait, depuis l'arrivée des Turcs; les femmes veulent à toute force être turquisées, et jouent au passe-dix avec le neveu de l'effendi; les petits garçons vont mettre des turbans, et les coutumes de Constantinople vont donner le ton à Berlin. Je vous avertis, mon cher frère, de vous y préparer, car vous pourriez trouver des changements, dans votre patrie, qui vous surprendraient. Je pars demain pour Potsdam, pour ne pas perdre le peu de bon sens qui me reste; je souhaite d'apprendre de bonnes nouvelles de votre santé, en vous priant d'ajouter foi à la parfaite tendresse et à tous les sentiments d'estime avec lesquels je suis, etc.

179. DU PRINCE HENRI.

Rheinsberg, 27 novembre 1763.



Mon très-cher frère,

Vous avez bien de la bonté, mon très-cher frère, d'avoir voulu m'apprendre tous les changements que les Turcs font sur les mœurs de Berlin; la lettre que vous daignez m'écrire du 21 ne me donne pas haute opinion des Orientaux, mais me confirme dans l'opinion que