<374>

211. DU PRINCE HENRI.

Pétersbourg, 13 octobre (nouveau style) 1770.



Mon très-cher frère,

Je suis arrivé hier au soir, et ne puis vous exprimer toutes les attentions que l'Impératrice a pris le soin de prendre depuis que j'ai touché les frontières de ses États jusqu'à mon arrivée ici. Sans compter le nombre de ceux qui m'ont reçu, elle a envoyé au-devant de moi des officiers et des généraux pour me faire des compliments de sa part, et j'ai trouvé le comte Panin pour me recevoir à l'hôtel qu'elle m'a destiné. Vous connaissez, mon très-cher frère, ce ministre par la réputation qu'il s'est acquise, et vous aurez la grâce de juger combien j'ai été sensible qu'il fût le premier, à Pétersbourg, dont je fis la connaissance. Il est sensiblement pénétré de reconnaissance pour les compliments que je lui ai faits de votre part. J'ai été aujourd'hui à midi chez l'Impératrice. Son accueil répond à la réputation de ses grandes qualités; elle met toute l'aisance avec toute la dignité dans le commerce de la vie. J'ai droit d'être flatté de la manière dont elle m'a reçu, et j'ai été sensiblement réjoui sur sa façon de penser, lorsqu'elle m'a répondu au compliment, mon cher frère, que je lui ai fait de votre part. Sa cour est des plus brillantes; le goût et la magnificence y sont réunis. Le grand-duc paraît extrêmement aimable, et répond à la bonne éducation et aux soins que le comte Panin lui a donnés sous les yeux de l'Impératrice. Tous les seigneurs de la cour dont j'ai pu faire la connaissance sont très-polis, et dignes du choix de l'Impératrice. Le comte Orloff est un de ceux qui sont les plus empressés à me faire politesse, et j'en sensa le prix d'autant plus, à cause que l'Impératrice l'honore beaucoup de son estime. Voilà en peu de mots le tableau de ce que j'ai vu aujourd'hui; il est assez


a Le mot sens manque dans l'autographe.