<499> souffre pas de ces fatigues, et que vos forces se remettent. J'ai remarqué aujourd'hui à l'armée autrichienne qu'elle avait essuyé un échec, sans pouvoir deviner sûrement ce qui en était, et je crois que l'Empereur sera un peu fâché contre vous, mon cher frère; mais, à ce prix, je ne doute pas que vous n'ayez toute l'envie de mériter encore sa colère. On nous a brûlé aujourd'hui cent chariots de farine; mais c'est une bagatelle, et vous avez mis un bon emplâtre sur cette plaie. Ainsi je n'y pense plus. Veuille le ciel conserver vos jours précieux! Soyez persuadé que ce sont mes vœux les plus sincères, étant, etc.

324. AU MÊME.

Camp devant Jaromircz, 7 août 1778.

Vous avez fait, mon cher frère, beaucoup plus que vous ne croyez; vous avez enlevé un corps d'Autrichiens en Bohême. Cela est beaucoup; mais votre lettre à l'impératrice de Russie a produit plus qu'une bataille. Elle s'est tout de suite résolue à se déclarer ouvertement pour nous; elle veut chasser les Autrichiens de la Lodomérie et de la Pococie.a Quelle diversion! Et elle veut forcer la maison d'Autriche avec une pension annuelle de mille écus, pour le lieutenant-général de Belling; trois lettres de noblesse et autant d'ordres pour le mérite, pour le major Dehrmann et pour les capitaines de cavalerie Wildberg et Günther; enfin, neuf ordres pour le mérite et trois avancements, sans désignation spéciale.


a Au lieu de Pococie il faut probablement lire Gallicie; c'est cette dernière province que le Roi nomme dans plusieurs lettres inédites au prince Henri. Il dit, par exemple, dans celle du 12 septembre 1778 : « Le général Stutterheim m'écrit que les troupes autrichiennes ont évacué la Lodomérie et la Gallicie; » dans celle du 16 septembre : « Les Russes vont marcher incessamment pour occuper la Lodomérie et la Gallicie. » Voyez de plus ci-dessous les lettres de Frédéric, du 26 août et du 16 septembre, et celle du prince Henri, du 15 septembre; voyez enfin t. VI, p. 183.