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332. AU MÊME.

Camp de Wildschütz, 9 septembre 1778.

Je suis tout à fait de votre avis, mon cher frère, et je crois que, dans les circonstances présentes, ce serait agir imprudemment que de passer l'Éger, et encore plus de pousser jusqu'à Prague; car, supposé même que vous prissiez la ville, le défaut de chevaux pour rassembler les subsistances vous obligerait d'abandonner cette capitale. Pour coopérer à la défense de la Lusace, j'ai un détachement vers Marklissa pour m'avertir de tous les mouvements de l'ennemi, et selon que je serai informé que les choses tourneront, je fortifierai à proportion le corps de Naumbourg-sur-le-Queis, pour agir de concert avec le prince de Bernbourg. Hier j'ai été obligé de prendre le camp de Wildschütz, et le Prince héréditaire celui des Dreyhauser; l'ennemi nous a suivis avec quelques Croates, qui nous ont peu incommodés; mais les chemins épouvantables nous ont fait beaucoup de tort. Cependant tout est arrivé. Tout ce que l'on peut faire est de marcher une demi-lieue, ou il n'y a pas moyen de traîner son canon avec soi. J'espère de trouver ici pour six jours de fourrage, après quoi je me replierai sur Trautenau, où j'en trouverai, j'espère, pour autant. Tout cela et Schatzlar me mèneront au 24 ou 26 de ce mois, temps après lequel la faim seule me chassera de Bohême. Quant aux magasins de Saxe, j'ai déjà donné ordre d'en acheter pour deux mois; mais comme il est difficile de savoir en quel lieu les troupes en auront besoin, le meilleur parti serait de le faire livrer par le pays aux endroits où l'on en a besoin, et de le payer tout de suite aux Saxons; car si l'on fait un grand magasin à Dresde, et qu'ensuite il faille envoyer des troupes à Chemnitz ou à Zwickau, comme cela pourrait arriver, comment y transporter ce magasin de Dresde? Je crois donc qu'il vaut mieux s'arranger pour les livraisons, qui épargnent à la