62. AU PRINCE DE PRUSSE.

Leitmeritz, 14 juillet 1757.



Mon cher frère,

J'ai reçu la lettre que vous m'avez faite du 12. Si vous vous retirez toujours, vous serez acculé à Berlin entre ci et quatre semaines. L'ennemi ne fait que vous suivre. Vous manquez ici de bœufs; faites-en venir de la Lusace. Si vous vous retirez, vous manquerez de fourrage, et vous aurez toujours cette race maudite sur vos flancs, de quelque côté que vous vous tourniez. Vous n'avez que Morocz à vos côtés, à Niemes; Nadasdy est ici, à Gastorf; Daun est à Neuschloss, nous avons entendu son canon. Je vois que l'on vous en impose par<157> les nouvelles, et que l'on grossit tous les objets. Vous avez le Proviant-Fuhrwesen,157-a qui peut vous mener de la farine tant que vous en voulez. Je crois plutôt qu'il sera nécessaire de faire un détachement de cinq à six mille hommes vers Schweidnitz, pour couvrir la frontière contre Keil. Vous vous réglerez, sur cela, sur vos nouvelles. Quand vous incorporerez les régiments saxons, il faut que cela se fasse en un jour. Dalwig est malade à Dresde; je le presserai de retourner au régiment. Il faut, en attendant, que Puttkammer le commande, ainsi que le sien. Nadasdy a ici deux régiments de hussards, deux de cuirassiers, deux de dragons saxons, six bataillons de l'infanterie hongroise réglée, et à peu près trois mille pandours. Loudon est au Paschkopole avec quinze cents hommes, pandours et hussards; et cinq cents à huit cents sont tantôt à Graupen, tantôt à Zinnwald, Ossek, Mariaschein et Schneeberg. Décomptez tout cela, vous verrez que l'on grossit le nombre de ceux qui sont dans votre voisinage.

Je suis, mon cher frère, etc.


157-a Train des équipages.