27. AU PRINCE HENRI.

(Dürgoy) ce 18 (décembre 1757).



Mon cher frère,

Il serait inutile de vous dire toute la peine et les embarras que j'ai trouvés ici. Imaginez-vous que Breslau a une garnison de dix mille hommes bien portants, que j'ai été obligé de faire venir de l'artillerie, par des chemins horribles, de Brieg et de Neisse, que, malgré la gelée et les neiges, nous avons fait nos parallèles, que nous les avons à trois cents pas du fossé, qu'ils nous ont démonté une batterie, et qu'enfin, sans beaucoup de constance, nous aurions manqué notre coup. Mais à présent nous avons une brèche, aujourd'hui trente-deux pièces en batterie, les sapes à cent cinquante pas du fossé, le feu de l'ennemi éteint, une sortie vigoureusement repoussée cette nuit. Le commandant a déjà demandé à capituler, et je crois que demain ou après-demain la chose sera sûrement faite, et réussira à notre honneur. L'ennemi a quitté la Silésie; il n'y a plus que Buccow et Pathay à chasser; Zieten et Fouqué sont à leurs trousses. Dès que Breslau sera rendu, je marcherai aux montagnes pour établir les quartiers, après quoi je compte prendre à Breslau un repos dont ma santé chancelante a grand besoin. Je n'ai eu que du chagrin et des angoisses depuis huit mois, et à force d'inquiétudes et d'agitations la machine s'use. Je vous remercie de tout mon cœur de la tendre part que vous prenez à ma situation. Mon page m'a assuré que vous êtes tout à fait<192> rétabli. Si le prince Ferdinand chasse les Français du pays de Hanovre, et que tout se tranquillise de votre côté, j'espère de vous revoir dans ce pays, que je n'ose quitter à présent, ayant cent arrangements à y faire, et ne m'osant absenter, de crainte qu'on n'y fasse des sottises. Adieu, mon cher frère; je suis avec la plus haute estime et la plus parfaite amitié, etc.