<190> en vérité, ses extravagances méritaient qu'on l'enfermât pour jamais. Je prends, ma chère sœur, la liberté de vous envoyer de mes ananas et quelques raisins de Sans-Souci; je n'ose pas multiplier la dose, pour ne pas abîmer votre coureur. Salimbeni vient d'arriver de Hambourg, se portant fort bien, et chantant comme un ange. Je suis fâché que vous ne l'ayez pas entendu, croyant que sa voix vous aurait donné quelque agrément pendant que vous avez eu la complaisance d'être chez nous. Je vous prie, ma chère sœur, de me conserver votre précieuse amitié, et d'être persuadée de la tendresse parfaite avec laquelle je serai jusqu'au tombeau, ma très-chère sœur, etc.

197. A LA MÊME.

Potsdam, 20 novembre 1747.



Ma très-chère sœur,

Votre lettre vient fort à propos pour me tirer de peine. Je suis enfin tranquille sur votre santé. Vous ne sauriez croire, ma chère sœur, quelles nouvelles s'ébruitent et parviennent ici; à tout moment vous êtes à l'agonie ou morte. Je ne conçois pas quelle maligne joie des gens peuvent trouver à semer de pareilles nouvelles dans le monde, qui ne peuvent qu'inquiéter beaucoup ceux qui vous sont attachés comme je le suis. Voilà la vieille duchesse de Blankenbourg trépassée tout de bon.a Je crois que tout le monde s'en console à Brunswic; les uns étaient las de lui payer sa pension, les autres d'attendre son héritage, et d'autres encore de la voir. On devient isolé dans le


a Christine-Louise, veuve depuis 1735 du duc Louis-Rodolphe de Brunswic-Blankenbourg, était née le 20 mars 1671, et mourut le 12 novembre 1747.