<26> leur train, ce qui justifie madame Rohwedell. Dieu merci, nous sommes tranquilles ici; la belle de ces cantonsa ayant envoyé paître le Margrave et son amour, il tâche de décharger son courroux et son désespoir sur les autres pauvres amants, et les cerfs étant de ce nombre, il fait ce qu'il peut pour les exterminer, et nous laisse, en attendant, champ libre de nous divertir, ce que nous faisons de la bonne façon. Mais voilà une terrible lettre, qui, je crains, lassera bien votre patience; par raison je vais donc y mettre fin, en vous réitérant les assurances de la tendresse et de la considération avec laquelle je serai jusqu'à mon dernier soupir, mon très-cher frère, etc.

Le Margrave se met à vos pieds, charmé aussi bien que moi de pouvoir en peu vous faire la cour. Il a été assez mal d'une grosse fièvre, dont il n'est mieux que depuis quelques jours.

21. DE LA MÊME.

Le 10 octobre 1734.



Mon très-cher frère,

Après avoir passé le plus heureux temps que j'aie eu en ma vie, il ne me reste plus à présent, mon très-cher frère, que les regrets de votre absence et de la courte durée de mon bonheur.b Mais comme il n'y a jamais si grand malheur où l'on ne trouve du moins quelque sujet de consolation, la mienne est présentement le souvenir de


a Mademoiselle Flore de Sonsfeld, sœur cadette de la gouvernante. Voyez les Mémoires de la Margrave, t. II, p. 148 et suivantes, et p. 210.

b Frédéric, arrivé à Baireuth le 5 octobre, en était reparti le 9. L. c., p. 200-203.