<290> vous dire, vous ne serez heureuse et ne vous remettrez de vos infirmités que lorsque votre cœur généreux se sera entièrement vaincu lui-même. Je fais mille vœux pour votre santé et pour votre contentement pour la nouvelle année, en vous assurant que personne ne vous est plus attaché, et que personne n'est avec plus de tendresse que, ma très-chère sœur, etc.

287. A LA MÊME.

Le 11 janvier 1755.



Ma très-chère sœur,

J'ai eu le plaisir de recevoir deux de vos chères lettres, l'une du 17 et l'autre du 20, datées d'Avignon. Je suis charmé de vous savoir jouissant d'une santé au moins passable, et j'espère que, lorsque vous aurez gagné la Provence, vous ne serez plus aussi fort incommodée par les vents de bise. Vous avez trop de bonté de penser à mes petits amusements, au sujet des deux cabinets que l'on veut vendre; quant à l'un, de Montpellier, qui ne contient que des magots de la Chine, il est curieux, mais j'avoue qu'il ne me tente pas; quant à celui de M. de Crillon, il n'a pas une grande célébrité à Paris, et en achetant tout en masse, on reçoit, pour l'ordinaire, plus de médiocre que de bon, sans compter la dépense, qui est assez considérable. Je ne m'étonne pas que vous ayez trouvé le duc de Richelieu fort changé; il a travaillé toute sa vie à vieillir vite; cependant cet homme doit avoir l'air d'un seigneur et la politesse d'un vieux courtisan. Il faut que les dames d'Avignon soient fort superficielles, si elles ne considèrent en vous que l'ajustement; cela sent bien la province, et je vous