9. DE LA MÊME.

(Brunswic) 24 juin (1768).



Mon très-cher frère,

Après les regrets de vous avoir vu partir d'ici et le désagrément de me trouver de nouveau éloignée et privée de jouir de votre chère présence, il n'y a rien de si intéressant pour moi, et qui me tienne tant à cœur, que de vous savoir de retour chez vous heureusement et en parfaite santé.1_389-a Veuille le ciel que la fatigue du grand voyage que vous avez fait n'ait point altéré votre précieuse santé, et que vous vous portiez bien, ce qui me servira à la plus grande consolation pendant l'absence; et j'espère que vous continuerez vos grâces à votre fidèle sœur, qui n'a de plus grand désir que de pouvoir se rendre digne de toutes vos bontés, dont mon cœur ne cesse d'être pénétré. Mon bon frère Ferdinand est arrivé hier ici; j'ai été réjouie<390> de lui trouver meilleur visage que sans cela, et j'espère que les bains qu'il compte prendre contribueront à fortifier sa santé. Il vous est bien attaché, et comme nous pensons également sur votre sujet, cela fait que je l'en aime davantage. Il veut nous quitter demain, ce qui sera un nouveau surcroît de peine pour moi, quoique je devrais être raisonnable et contente du bonheur que j'ai d'être à portée de voir plus souvent ma famille que d'autres, qui n'ont point cet avantage. Cependant je m'aperçois que j'en suis toujours avide, car je compte parmi mes jours les plus fortunés ceux que j'ai eu la satisfaction de passer avec vous. J'ai reçu une lettre que le prince Louis1_390-a a écrite au Duc, dans laquelle il chante vos louanges, se louant de l'accueil gracieux et amical que vous lui avez témoigné, et dit que tout le monde qui vous a vu a été charmé de la façon gracieuse dont vous l'avez reçu, et que vous avez emporté une approbation générale, et le cœur de tous les bons Hollandais, qui vous avaient admiré. Quoique je croie que vous n'êtes guère sensible à cette conquête, j'ai pourtant voulu vous en faire part.

Le Duc et toute ma famille se mettent à vos pieds. Je souhaite et fais des vœux pour que les eaux d'Éger soient le remède efficace pour votre conservation, afin que j'aie encore souvent la satisfaction de vous assurer de mes respects et du zèle avec lesquels je suis, mon adorable frère, etc.


1_389-a Frédéric était parti pour Loo le 1er juin 1768 (t. XXIV, p. 174), et il était de retour le 20. Dans ce voyage, il avait vu sa sœur à Brunswic et à Salzthal.

1_390-a Voyez t. XXVI, p. 27 et 61.