<85>perdues, et qu'une attaque pareille peut mener aux plus brillantes victoires. J'en donne ici le dessin, en ajoutant que, si vous êtes heureux, il faut grossir l'attaque et, si vous percez, replier une partie des ennemis sur leur droite et les autres sur leur gauche.

Dans les postes, rien n'est plus redoutable que les batteries de canons chargés de mitraille, qui font un ravage horrible dans les bataillons. J'ai vu attaquer des batteries à Soor et à Kesselsdorf, et, ayant remarqué dans les ennemis les mêmes fautes dans les mêmes actions, cela m'a fait naître une idée que j'expose ici à tout hasard.

Je suppose qu'il faille emporter une batterie de quinze canons qui ne peut se tourner. J'ai vu que le feu des canons et de l'infanterie qui les soutient la rend inabordable. Nous n'avons emporté les batteries des ennemis que par leur faute. Notre infanterie assaillante, à moitié détruite, recula par deux reprises; l'infanterie ennemie voulut la poursuivre, et quitta son poste. Par ce mouvement, son canon lui devint inutile, et nos gens, les talonnant de près, arrivèrent en même temps que les ennemis à la batterie, qu'ils emportèrent. Ces deux expériences m'ont fait imaginer d'imiter ce que nos troupes ont fait alors, c'est-à-dire de former l'attaque sur deux lignes en échiquier, de mettre quelques escadrons de dragons derrière pour les soutenir, d'ordonner à la première ligne d'attaquer mollement et de se retirer dans les intervalles de la seconde, pour que l'ennemi, trompé par cette retraite simulée, coure à la poursuite, et abandonne son poste. Ce moment-là est comme le signal qu'il faut marcher en avant et attaquer vigoureusement, comme on en verra la disposition dans le plan VI.

9. DE LA DÉFENSE DES POSTES.

Mon principe est de ne jamais mettre ma confiance dans un poste, à moins qu'il ne soit physiquement démontré qu'il est inattaquable.