<178> aide de camp du Roi, qui, ayant été fait prisonnier par les Russes à la bataille de Zorndorf, avait eu le bonheur de mériter ses bonnes grâces à Pétersbourg, le comte de Schwerin entreprit incontinent ce voyage, et ne contribua pas peu, pendant son séjour, à la signature des traités de paix et d'alliance.

Le sieur Bute, qui, par mépris pour les autres nations, ignorait ce qui se passait en Europe et encore plus la façon de penser du nouvel empereur de Russie, rempli des idées de la paix générale qu'il voulait faire à toute force, chargea le prince Galizin, ministre de Russie à Londres, de marquer à sa cour que, quelque cession que l'Empereur exigeât de la Prusse, l'Angleterre se faisait fort de la lui faire obtenir, pourvu qu'il ne se hâtât pas de prendre un parti précipité, et qu'il continuât encore de tenir le roi de Prusse en échec, en laissant le corps de M. de Czernichew auprès des Autrichiens. L'Empereur, indigné de telles propositions, y répondit comme un ministre prussien l'aurait pu faire. Il envoya la copie de la dépêche du prince Galizin au Roi, pour lui découvrir à quel point l'Angleterre le trahissait. Ce ne fut pas la seule perfidie que ce ministre anglais fit au Roi.

Si nous ménageons peu les termes, c'est que des actions infâmes doivent être peintes dans l'histoire avec les traits difformes et affreux qui leur conviennent, ne fût-ce que pour en inspirer l'horreur à la postérité. On sait qu'un usage pernicieux a introduit dans la politique de certaines fourberies autorisées par une pratique commune : à la bonne heure, qu'on adoucisse les termes en les rapportant. Mais manquer de foi à son allié, mais tramer des complots contre lui, qu'à peine ses ennemis pourraient former, mais travailler avec ardeur à sa perte, le trahir, le vendre, l'assassiner, pour ainsi dire, de pareils at-