<85> par Neu-Reussendorf et le Kohlberg à Waldenbourg. Durant la nuit, M. Loudon avait pris les devants, et occupait déjà les gorges qui défendent ce passage; il fut même joint par M. de Lacy dans cette position, de sorte que l'entreprise des Prussiens n'aboutit qu'à une canonnade. Le Roi se rendit, en attendant, maître des hauteurs de Barsdorf. La gauche de son camp s'appuyait à Kynau, d'où la ligne tournait par Barsdorf et Dittmannsdorf, où était le quartier général. De là elle passait par le Blaue Ranzen, et le plateau de Hohengiersdorf, à l'extrémité de la droite, était occupé par la réserve, dont M. de Forcade avait le commandement. L'armée du maréchal Daun tenait un terrain plus vaste. Le corps de MM. de Loudon et de Lacy allait de Jauernick et Tannhausen, par Neu-Reussendorf, jusqu'à Seitendorf. Le maréchal Daun prenait de là, et remplissait toute la croupe qui s'étend jusqu'à Bôgendorf. MM. de Löwenstein et de Beck couvraient son flanc gauche, faisant front vers Schweidnitz, et M. de Nauendorf couvrait ses derrières à Fürstenstein. Ces deux armées s'étaient tellement emboîtées dans ces montagnes, qu'elles ne pouvaient avancer ni l'une ni l'autre, et leurs camps des deux parts étaient inexpugnables. Ces camps, d'ailleurs, étaient si voisins, qu'il n'eût dépendu que des généraux de se canonner réciproquement avec succès; mais comme cela ne menait à rien, on fut fort tranquille : les vedettes étaient nez contre nez, toute tiraillerie fut interdite, on aurait dit qu'on était convenu d'un armistice; cela en vint au point qu'Autrichiens et Prussiens redressaient les patrouilles qui s'égaraient dans l'obscurité de la nuit, et les remettaient dans le chemin qui ramenait à leurs postes. Toutefois, dans ces montagnes, dont la nature s'était complu à faire des espèces de forteresses, les Prussiens et les Autrichiens se retranchèrent, pour plus de sûreté.

La situation où se trouvait le maréchal Daun, commençait toute-fois à lui peser. Il lui était insupportable de voir qu'il allait perdre cette campagne, dans le succès de laquelle il avait mis sa plus grande