<57> les généraux étaient autorisés, l'un à arrêter la reine Mathilde, et l'autre à s'assurer du médecin premier ministre.

Ce projet s'exécuta comme il avait été médité : on enferma la Reine dans une forteresse, et le médecin, ainsi que ses adhérents, furent traduits devant la justice. La crainte des supplices leur fit avouer tous les attentats dont on les accusait; le mariage de la reine Mathilde fut cassé; le roi d'Angleterre obtint qu'on permît à cette princesse de sortir du Danemark pour se retirer dans l'électorat de Hanovre; elle s'établit à Celle, où elle fut traitée par son frère avec des distinctions dont ses crimes l'avaient rendue indigne. Le médecin et le baron de Brandt, après qu'on leur eut fait le procès, furent décapités; la reine Julie, belle-mère du Roi, prit le maniement des affaires.

Tout fut faible dans les commencements d'une telle administration, qui en effet n'était qu'une tutelle. L'aliénation d'esprit du Roi occasionnait l'équivalent d'une minorité. Les Norwégiens, qu'on avait accablés d'impôts pour soutenir la banque, qui était sur le point de faire faillite, les Norwégiens, dis-je, commencèrent à différentes reprises à manifester assez ouvertement leur mécontentement. Les révolutions qui arrivèrent presque en même temps dans le gouvernement suédois, donnèrent de vives alarmes à la cour de Copenhague, qui craignait les entreprises d'un jeune prince voisin, ennemi-né des Danois. Pour y obvier, et pour prévenir ce qu'il pouvait tenter sur cette frontière, la reine Julie envoya le général Huth avec quelques troupes en Norwége, afin de garantir ce royaume contre toute invasion étrangère.

Ce mécontentement des Norwégiens, les mauvaises dispositions qu'ils témoignaient pour leur cour, voilà sur quoi le roi de Suède fondait ses espérances. Quelques députés des paysans de ce royaume, qui se rendirent auprès de lui dans le bourg d'Ekholmsund, l'assurèrent qu'il n'avait qu'à se montrer avec quelques troupes sur leurs