<122> Batteuxa n'est pas traduit, et qu'il ne l'emporte pas sur l'autre. Pour la rhétorique, qu'on s'en tienne à Quintilien. Quiconque, en l'étudiant, ne parvient pas à l'éloquence, n'y parviendra jamais. Le style de cet ouvrage est clair, il contient tous les préceptes et les règles de l'art; mais il faut, avec cela, que les maîtres examinent avec soin les thèmes de leurs écoliers, en leur expliquant les raisons pour lesquelles on corrige leurs fautes, et en louant les endroits où ils ont réussi.

Si les maîtres suivent la méthode que je propose, ils développeront le germe des talents où la nature en a semé; ils perfectionneront le jugement de leurs écoliers, en les accoutumant à ne point décider sans connaissance de cause, ainsi qu'à tirer des conséquences justes de leurs principes. La rhétorique rendra leur esprit méthodique; ils apprendront l'art d'arranger leurs idées, de les joindre et de les lier les unes aux autres par des transitions naturelles, imperceptibles et heureuses; ils sauront proportionner le style au sujet, employer à propos les figures, tant pour varier la monotonie du style que pour répandre des fleurs sur les endroits qui en sont susceptibles; et ils ne confondront pas deux métaphores en une, ce qui ne peut présenter qu'un sens louche au lecteur. La rhétorique leur enseignera encore à faire un choix des arguments qu'ils veulent employer, selon le caractère de l'auditoire auquel ils ont à s'adresser; ils apprendront à s'insinuer dans les esprits, à plaire, à émouvoir, à exciter l'indignation ou la pitié, à persuader, à entraîner tous les suffrages. Quel art divin que celui où, par le moyen de la seule parole, sans force ni violence, on parvient à subjuguer les esprits, à régner sur les cœurs, et à savoir exciter dans une nombreuse assemblée les passions desquelles on veut


a Il n'existe pas, à notre connaissance, de logique de Batteux; il se peut que le Roi ait voulu parler de celle de Bayle, qu'il fit imprimer, en 1785, pour son usage et celui de son petit-neveu le prince Frédéric-Guillaume (III), sous le titre de : Système de philosophie, contenant la logique et la métaphysique, par M. Pierre Bayle. Voyez C. Dantal, Les délassements littéraires, ou Heures de lecture de Frédéric II. Elbing, 1791, p. 47; et Nouvelles lettres inédites de Frédéric II à son libraire Pitra. A Berlin, 1823, p. 32.