<51>bégayer ses pensées. Le camp de Frédéric-Henri d'Orange fut son école militaire; il assista aux siéges des forts de Schenk et de Bréda.

Schwartzenberg, ministre de George-Guillaume, connaissant l'esprit transcendant du jeune prince, l'éloigna de la cour de son père, et le tint en Hollande autant qu'il le put, ne sentant pas ses vertus assez pures pour qu'elles soutinssent l'examen d'un surveillant aussi éclairé. Le jeune prince vint cependant trouver son père, malgré le ministre; et il fit avec l'Électeur le voyage de Prusse, où la mort de George-Guillaume le mit en possession de ses États.

Frédéric-Guillaume avait vingt ans lorsqu'il parvint à la régence; mais ses provinces étaient en partie entre les mains des Suédois, qui avaient fait de l'Électorat un désert affreux, où l'on ne reconnaissait les villages que par des monceaux de cendres qui empêchaient l'herbe d'y croître, et les villes, que par des décombres et des ruines. Les duchés de la succession de Clèves étaient en proie aux Espagnols et aux Hollandais, qui en tiraient des contributions exorbitantes, et qui les pillaient sous prétexte de les défendre. La Prusse, que Gustave-Adolphe avait envahie peu de temps auparavant, saignait encore des plaies qu'elle avait reçues durant cette guerre.

Dans des conjonctures aussi désespérées, où son héritage était envahi par tant de souverains, prince, sans être en possession de ses provinces, électeur, sans en avoir le pouvoir, allié, sans avoir d'amis, Frédéric-Guillaume commença sa régence; et dans cette première jeunesse qui, étant l'âge des égarements, rend à peine les hommes capables d'obéissance, il donna des marques d'une sagesse consommée et de toutes ces vertus qui le rendaient digne de commander aux hommes.

Il commença par établir de l'ordre dans ses finances; il proportionna sa dépense à sa recette, et se défit des ministres dont la mauvaise administration avait le plus contribué aux malheurs de ses peuples. Le comte de Schwartzenberg, qui voyait son autorité limitée, se démit de lui-même de ses emplois : il était gouverneur de la Marche, président du conseil, grand chambellan et grand commandeur de Malte. Il avait réuni sur lui toutes les