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ODE IV (V). LE RÉTABLISSEMENT DE L'ACADÉMIE.a

Que vois-je? quel spectacle! ô ma chère patrie,
Enfin voici l'époque où naîtront tes beaux jours;
L'ignorant préjugé, l'erreur, la barbarie,
Chassés de tes palais, sont bannis pour toujours.
Les beaux-arts sont vainqueurs de l'absurde ignorance,
Je vois de leurs héros la pompe qui s'avance,
Dans leurs mains les lauriers, la lyre, le compas;
La Vérité, la Gloire
Au temple de Mémoire
Accompagnent leurs pas.
Sur le vieux monument d'un ruineux portique
Abattu par les mains de la grossièreté,
S'élève élégamment un temple magnifique
Au dieu de tous les arts et de la vérité;
C'est là que le savoir, la raison, le génie,
Ayant vaincu l'erreur à force réunie,


a Cette ode, lue par Darget dans la séance publique de l'Académie, le 25 janvier 1748, fut publiée pour la première fois dans l'Histoire de l'Académie royale des sciences et belles-lettres, Année 1747. A Berlin, 1749, p. 5-8. Elle y est intitulée Le renouvellement de l'Académie des sciences, titre qu'elle porte également dans la première édition des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, MDCCL, in-4. t. II.