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ÉPITRE III. A FOUQUÉ.a

Pourquoi toujours nous prôner le vieux temps,
Se répéter et se tuer de dire
Que les humains sont bêtes et méchants,
Et que le monde en vieillissant empire?
Ces vieux propos des modernes frondeurs
Sont tous marqués au coin de la satire,
Et l'âcreté qui les force à médire,
Pour avilir notre siècle et nos mœurs,
Des temps passés leur fait vanter l'empire.
Le grand Maurice1 a-t-il moins de vertus
Qu'en eut jadis certain Cincinnatus?
Maurice, au vrai, d'une très-noble issue,
Ne mena point de ses mains la charrue;
Mais dans la Flandre en tous lieux confondus,
Les Hollandais furent-ils moins battus?
Quoi! nos auteurs sont-ils des misérables,
Pour composer leurs écrits en français?


a Voyez t. V, p. 54.

1 Le comte de Saxe. [Voyez t. I, p. 180; t. II, p. 107 et 121 : t. III, p. 110 et 111 : t. IX, p. 167; et t. X, p. 226.]