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CHANT II.

O mes amis! craignons tous de médire;
C'est un poison mortel que la satire.
Qui brocarda sans remords son prochain
Eut sa revanche, et, dès le lendemain,
Mordu d'autrui, ne pensa plus à rire.
Bien pis encor font de certains auteurs
Dont les bons mots, avoués au Parnasse,
Ont entrepris, libres dans leur audace,
Des thèmes faits pour des profanateurs.
Me garderai de pareille aventure;
Pour plaisanter s'offrent tant de sujets!
Et les dévots, oiseaux de triste augure,
De tout côté me lanceraient leurs traits.
Notre guide est la loi de la nature;
Belle, sans fard, aussi simple que pure,
Elle bannit la superstition;
Mais elle apprend ce qu'à l'Être suprême
On doit de culte et d'adoration,
Tant par amour de lui que de soi-même.
Mais dans le monde il est certaines gens,
Des songe-creux, des fous visionnaires,
Qui vont braillant, et, du haut de leurs chaires,
Se font des dieux selon leurs caractères,
Toujours cruels et toujours punissants,
Et qui, damnant tous les mortels charmants,