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CHANT IV.

C'est un grand point que d'être vertueux :
Mais dans ce siècle on est peu raisonnable.
Soyez fripon, scélérat, vicieux,
On passe tout, si vous êtes aimable.
Heureusement pour lui, le bon Darget
Et l'un et l'autre également était.
Pour le Franquin, épuisé de débauche,
(Car ne croyez qu'un brigand, qu'un pandour,
Toujours guerroie et sans cesse chevauche :
Rien ne tarit plus vite que l'amour;)
Le Franquin, dis-je, ayant pris, tout le jour,
Repos qu'il faut pour réparer ses forces,
Ne sentant plus ses passions féroces,
S'en vint trouver le badaud dans son lit.
« Je viens chez vous, dit-il, car je m'ennuie;
Ne veux sortir, car il fait de la pluie.
Mais contez-moi, captif pour mon profit,
Votre destin, vos exploits, votre vie;
Car les Français, dit-on, sont bons conteurs. »
Darget répond à ces propos flatteurs :
« Ce me serait faveur bien singulière
Si je pouvais amuser Franquini.
Seigneur, je n'ai qu'un mauvais conte à faire;
Je le ferai du moins simple et uni.
Le sort fâcheux qui dès longtemps m'oppresse
M'a fait, seigneur, naître d'une duchesse;