<113>Le corps en feu, l'esprit volage,
De Vénus le doux badinage,
Les plaisirs et la volupté?
Ce temps heureux, c'est bien dommage,
Loin de moi s'est précipité,
Et les eaux du fleuve Léthé
En ont même effacé l'image.
La tendre fleur du pucelage,
Ni l'empire de la beauté,
Sur un vieillard courbé, voûté
N'ont plus de prise et d'avantage.
Le conseil de la chasteté
Devient par force mon partage;
Continence est nécessité;
A cinquante ans on est trop sage.

Je n'ai point eu, cette campagne, de vision béatifique. Malheureusement les Tartares, Russes et Cosaques n'ont pas voulu me montrer le derrière; en revanche, ils ont brûlé, ravagé et pillé des contrées, et dévasté beaucoup de pays.

La Fortune inconstante et fière
Ne traite pas ses courtisans
Chaque jour d'égale manière;
Et nous n'avons pas tous les ans
La faveur de voir le derrière
De cette vaste fourmilière,
Moitié héros, moitié brigands,
Qui viennent désoler nos champs.
Le hasard très-souvent décide une bataille :
Si je lui dois plus d'un beau jour,
A l'ennemi, par représaille,
Il m'a fait montrer à mon toura
Tout le revers de la médaille.
Cependant cet homme bénit
Par l'antechrist siégeant à Rome,
Ce Fabius,b ce plaisant homme,


a A Kunersdorf. Voyez t. V, p. 19-22.

b Le feld-maréchal Daun. Voyez t. IV, p. 253 et 254.