<31>De leurs cruels soldats;
Si leur foi brille aux temples,
Ils donnent les exemples
De tous les attentats.

Oppresseurs des humains, sanguinaires monarques,
D'esclaves prosternés souverains odieux,
Vous, dont l'orgueil outré, malgré tant d'Aristarques,
Malgré tant de forfaits, vous met au rang des dieux,
Jusqu'à quand verrons-nous vos discordes fatales,
Vos désirs effrénés, vos haines infernales
Perpétuer leur cours,
Causer ces incendies,
Tramer ces perfidies
Qui dégradent nos jours?

Dans sa fausse éloquence, un flatteur vous compare
Aux dieux, de nos destins arbitres éternels,
Vous, qui semblez vomis des gouffres du Ténare,
Nés parmi des démons, comme eux durs et cruels.
Éblouis de l'éclat de vos titres suprêmes,
Follement enivrés de l'amour de vous-mêmes,
Vous vous croyez chéris :
Que ce songe s'efface,
La vérité vous place
Au rang des Busiris.

Oui, les traits de ces dieux que vous chargez d'outrages
Ont perdu leur empreinte en vos cœurs malfaisants;
Leur immense bonté leur valut nos hommages,
Mais jamais les démons n'obtinrent notre encens.
Dévaster des cités et les réduire en poudre,
C'est imiter les dieux lorsqu'ils lancent la foudre.