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A L'ABBÉ BASTIANI.a

Croyez, abbé, qu'un front tondu
Ne perd rien lorsqu'on lui confère
Ce bonnet par le haut fendu
Que tout moine et tout sot révère.
Ce bonnet vous est déjà dû,
Et je regarde cette affaire
Comme un problème résolu.
Ah! qu'on dit bien mieux son bréviaire
Lorsqu'on tient de bons revenus!
Les trésors de la terre entière
Sont destinés pour les élus.
Vous avez le bonheur de plaire
Au vieux successeur de saint Pierre,
Que Luther prend pour l'Antechrist;
De plus, vous êtes favori
De la déesse de Cythère.
L'un doit vous décorer un jour
De la pourpre de ses apôtres,
Et la mère du tendre Amour
Attend de vous qu'à votre tour
Vous décoriez le front des autres.

A Potsdam, en 1766.


a L'abbé Bastiani, né à Venise, et vivant ordinairement à Breslau, était du nombre des personnes dont le Roi recherchait la société dans ses heures de loisir. Voyez t. I, p. xv, et t. IX, p. IX, no XI.