<181>Pendant ces beaux jours revenus,
Pour étendre le doux empire
Que sur tout être qui respire
Exerce l'aimable Vénus.
Déjà son nouveau charme inspire
L'amour qu'en gazouillant expriment les oiseaux :
Elle échauffe l'instinct des habitants des eaux;
Par elle le berger pour sa Phyllis soupire.
Tandis qu'un même amour enflamme ses troupeaux;
Reine de la nature, elle amollit et touche
Le cœur sanguinaire et farouche
Des tigres, des lions, des cruels léopards :
Les accents de sa belle bouche
Désarmèrent jusqu'au dieu Mars.
Tandis que toute la nature
S'abandonne à l'instinct d'une volupté pure,
Quand les feux de l'amour viennent tout ranimer,
Quand l'air ne retentit que du tendre murmure
Des amants qui sous la verdure
Chantent le doux charme d'aimer,
Hélas! par une loi trop dure,
Un austère devoir nous force à nous exclure
Des plaisirs enchanteurs que je viens de nommer,
Et l'honneur et la gloire altière
Nous entraînent dans la carrière
Où l'implacable Mars au regard inhumain,
Parmi des tourbillons de flamme et de poussière,
Fait dans des flots de sang rouler son char d'airain.
Là, sans cesse occupés par des exploits rapides,
Au lieu des tendres yeux de Glycère ou d'Iris,
Nous verrons ceux des Euménides;
Au lieu de doux concerts nous entendrons leurs cris.
Parmi le meurtre et les débris,
Encourager aux parricides
Ces guerriers de la gloire épris,
Et nos défenseurs intrépides.
Lorsque tout l'univers ne paraît aspirer