<182>Qu'au noble emploi de réparer
L'affreux dépeuplement, la mémorable perte
Que l'espèce humaine a soufferte,
Que la nature enfin ne paraît s'occuper
Que du plaisir de reproduire,
Notre sort ennemi nous condamne à détruire
Ces restes de guerriers qui purent échapper
A la faux du trépas, toujours prête à frapper.
Fatal aveuglement, malheureuse folie,
Qu'à l'héroïsme l'homme allie,
Et qui semble le pervertir!
Dans sa profusion, la nature féconde
Aux mortels n'a pu départir
Qu'un moyen pour entrer au monde;
Il en est cent pour en sortir.
Loin de diminuer le nombre
De ces chemins semés de douleurs et de maux
Qui mènent à l'empire sombre,
Nous en inventons de nouveaux.
Ah! quelle fureur nous enivre,
Pour immoler à Mars nos plus tendres désirs!
Qu'il en coûte, ô gloire, à te suivre!
Nous avons deux moments à vivre,
Qu'il en soit un pour les plaisirs.