<186>Pour cacher la honte et l'affront
Dont on a fait rougir leur front?
Qu'ils retournent dans leur repaire,
Chez les farouches animaux,
Et qu'ils déchargent leur colère
Sur cette engeance sanguinaire
D'ours et de tigres, leurs égaux.
Pour Loudon, ce vaillant Achille,
Ce Loudon, auquel le concile
Et le pape auraient accordé
L'épée et la toque bénite
Dont on décora le mérite
De Daun, à présent brocardé,
Loudon et sa troupe dorée,
Et ses soldats et ses archers,
Se sont une belle soirée
Blottis derrière des rochers
Où nous n'irons pas les chercher.
Tels sont les gestes véridiques
Et tous les exploits héroïques
Qu'ont vus les champs silésiens
Des Russes et des Prussiens.
Mais tandis que ma muse accorte
Très-succinctement vous rapporte
Les prouesses de nos soldats,
Subitement devant ma porte
Arrive, avec un grand fracas,
Cette bavarde à l'aile prompte
Qui toujours parle, et nous raconte
Ce qu'elle sait ou ne sait pas,
Et qui divulgue sur ses pas
La gloire tout comme la honte
Des belles et des potentats.
Cette rapide renommée,
Dont l'homme le plus éventé
Et le sage avec gravité
Convoitent si fort la fumée,