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ÉPITRE SUR MA CONVALESCENCE.

O brillant rayon d'espérance!
O divine convalescence!
Tu finis ces moments affreux
De maux, de tourments, de souffrance;a
Tu délivras un malheureux
Des supplices que lui prépare
La douleur, ce tyran barbare,
Pour lui rendre l'éclat des cieux.
J'éprouvais de cent maux le mélange bizarre,
Je sentais les tourments des gouffres du Ténare;
Alecton, s'attachant à mon corps décharné,
Sur un triste grabat me tenait enchaîné.
Tout ce que des tyrans raffinés dans les vices
Ont jamais inventé de plus cruels supplices,
Ces monstres, de mes maux barbares artisans,
Les exerçaient sans interstices
Sur mes membres perclus, à peine palpitants.
La nature à mes yeux paraissait se soustraire
A mes organes défaillants,
Animés d'un souffle précaire;


a Voyez la pièce précédente, qui est probablement, comme celle-ci, du 3 avril 1770, et les lettres de Frédéric à d'Alembert, de la même date et du 17 mai suivant. Voyez aussi sa lettre à Fouqué, du 6 mai 1770.