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ÉPITHALAME A MONSEIGNEUR LE PRINCE HENRI.

O jour charmant! quelle pompe s'apprête?
Les Jeux, les Ris, le Plaisir enchanteur,
Ont de concert préparé cette fête.
Le front baissé, les yeux pleins de pudeur,
Près de l'autel une jeune victime
Attend sans trouble et d'un cœur magnanime
Le dernier coup du sacrificateur.
Mais à quel dieu se fait ce sacrifice?
Est-ce à l'Hymen? est-ce au dieu de l'amour?
Ils sont rivaux, il vous faut en ce jour
A l'un des deux vouer votre service.
Ce bel enfant à l'œil plein de malice,
Qui sur son dos a chargé son carquois,
Qui plane en l'air de son aile légère,
Fils de Vénus, adoré dans Cythère,
Assujettit l'univers à ses lois.
La jeune Hébé, les Grâces ingénues
Tendent son arc, et préparent les traits
Qui dans les cœurs vont graver ses arrêts.
Dans son carquois sont des flèches aiguës :
L'une affaiblit, accable en peu d'instants,
Change un Caton en héros de roman;
De celle-là la faible égratignure
Porte un poison au fond de la blessure;
La raison fuit, le cœur est embrasé,