<145>Mais je les vois encor, ces peuples ridicules,
Imbécilement attroupés
Autour de scélérats sortis de leurs cellules,
Qui, sur le ton d'un charlatan,
Leur vendent leur orviétan,
Des indulgences et des bulles.
Enfin, j'ai donc expédié
Cet ouvrage sanctifié
De l'histoire pontificale;
Mais, loin d'en être édifié,
Je l'avoue, et j'en suis très-fort mortifié,
Il n'inspire que du scandale.
Je vous renvoie les trois derniers tomes de Fleury. Mes vers vous disent ce que j'en pense; ainsi ce serait superflu de le répéter en prose. Je suis encore environné d'embarras de toutes les espèces, militaires, politiques, et des finances. Je ne sais en vérité ce que tout ceci deviendra. Je crois encore que je pourrai me rendre le 5 du mois prochain à Leipzig; cependant, comme cela n'est pas bien sûr, je vous écrirai encore pour vous marquer positivement ce qui en sera. Patience, patience, c'est un mot que je ne cesse de me répéter; néanmoins j'en suis bien las, et je voudrais volontiers trouver un refrain plus agréable. Adieu, mon cher; vous avez obtenu de la fortune et de l'amour tout ce que vous souhaitez, vous pouvez être content. Pour moi, je n'ai plus rien à démêler avec l'amour; mais si la fortune voulait un peu me seconder, je n'en serais pas fâché. Mes compliments au marquis. Adieu.
A Meissen, ce 25 novembre 1762.
Federic.