<56>Natzmer n'a pas pensé de venir ici; mais ce qui a donné lieu à ce faux bruit, c'est qu'il a envoyé son laquais par grande amitié, ayant appris par une autre fausse nouvelle qu'une grenade, en crevant, m'avait cassé la main, et que j'étais à l'agonie, ayant une terrible fièvre continue; l'on a pris le valet pour le maître, et ce quiproquo a causé ce faux bruit. Si je voulais croire toutes les nouvelles que l'on nous écrit de Berlin, j'aurais bien à faire, car la dernière que l'on me mande est que vous êtes dangereusement malade, monsieur, et que la tour de Saint-Pierre, faute de bon fondement, s'était écroulée. J'en reçois tous les jours de cette nature; mais fait à de telles nouvelles, je les entends, et les oublie sitôt que je les ai ouïes : je voudrais que l'on en fît autant. Je crois que l'ordre touchant la détention du pauvre Duhan sera signé, et j'en juge par là que le Roi m'a défendu de lui parler, si je le voyais à Brunswic. Je crains fort, monsieur, de vous ennuyer, ne vous entretenant que des choses qui me regardent uniquement; je vous en demande bien pardon, vous priant de le prendre pour une marque de la confiance que j'ai en vous, étant très-sincèrement et avec bien de l'estime, etc

Je vous prie de faire bien mon compliment au comte Seckendorff.

14. AU MÊME.

Ruppin, 4 septembre 1732.



Mon très-cher général,

Je viens de recevoir une lettre du Roi ce matin, qui a failli de me faire tomber de mon haut. C'est encore sur l'agréable sujet de ma Dulcinée qu'elle roule. L'on veut me rendre amoureux, monsieur, à coups de bâton; mais par malheur, n'ayant pas le naturel des ânes, je crains fort qu'on ne pourra pas y réussir. Le Roi s'exprime en ces termes : Ayant appris que vous n'écriviez pas avec assez d'empressement à votre princesse, je veux que vous me mandiez la raison, et que vous lui écriviez plus souvent, etc. Je lui ai répondu qu'il y avait quinze jours qu'elle ne