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99. DU COMTE ALGAROTTI.

Bologne, 26 octobre 1756.



Sire,M'a-t-on vu le dernier paraître aux champs de Mars?a

Votre Majesté peut avec raison répéter ce beau vers, et vos ennemis doivent bien se mordre les doigts de vous avoir forcé à paraître. L'entreprise de V. M.b était digne de César, votre confrère en gloire, qui maturandum semper existimavit; et l'exécution en a été de même. La nouvelle gloire dont V. M. vient de se couvrir fait honneur au siècle et à l'humanité. Il n'appartenait qu'à V. M. d'élever l'histoire moderne à la dignité de l'ancienne. Io triumphe! Je suis avec le plus profond respect, etc.

100. DU MÊME.

Bologne, 9 novembre 1756.



Sire,

Votre Majesté voudra bien me permettre d'écrire encore un mot après une armée entière prise à discrétion. On n'a jamais entendu parler de pareille entreprise depuis celle de César en Espagne contre Afranius et Petreius. Mais celle de V. M. est bien différente. Il n'avait contre lui que ces messieurs, et V. M. avait les Saxons et les Autrichiens tout ensemble. Vous nous faites perdre, Sire, le goût pour l'histoire ancienne. Caesar in eam spem venerat, se sine pugna et sine vulnere suorum rem conficere posse, quod re frumentaria adversarios interclusisset..... Cur denique fortunam periclitaretur, praesertim cum non minus esset impera-


a Frédéric, dit dans l'

Épître XX, A mon esprit

(t. X, p. 252) :

M'a-t-on vu des derniers paraître au champ de Mars?

b La bataille de Lowositz, 1er octobre 1756.