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132. M. DE CATT AU COMTE ALGAROTTI.

Strehlen, quartier général, 3 octobre 1761.



Monsieur,

La lettre dont vous m'avez honoré le 21 d'avril m'est parvenue sur la fin du mois de juin, et, depuis, il n'a pas été possible de faire passer la moindre chose. Je saisis cet instant pour vous dire que l'Horace a fait beaucoup de plaisir, et qu'on m'a chargé de vous en faire bien des remercîments. J'ai remis l'ouvrage de M. Martini; la réponse que j'ai faite a dû parvenir, si on ne l'a pas interceptée.

Vous avez bien jugé que cette campagne serait pénible. S. M., sans cesse occupée, a passé toutes les nuits sur une redoute, depuis le 26 août jusqu'au 10 septembre. Les Russes et les Autrichiens combinés avaient au moins cent trente-trois bataillons et au delà de deux cent quarante escadrons. S. M., par ses précautions et sa contenance, les a forcés de ne rien entreprendre. J'avoue que je serai ravi de voir la fin de tant de scènes douloureuses. Si elles durent encore, la famine et la peste détruiront les malheureux restes que la guerre aura épargnés. Jouissez, monsieur, de votre bonheur, et faites des vœux pour que tous ces fléaux finissent.

Je ne saurais vous exprimer combien je suis flatté d'avoir quelque part dans votre estime; rien ne pourrait égaler le plaisir que j'en ressens que celui de vous connaître personnellement et de vous assurer de l'estime distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d'être, etc.

133. DU COMTE ALGAROTTI.

Pise, 5 novembre 1762.



Sire,

Ce n'est pas, Sire, un des exploits les moins glorieux de Votre Majesté que la prise de Schweidnitz. N'avoir rien changé dans