<208>cuses de l'encre qui tache ma lettre, de mes incongruités, de mon ineptie, en vous suppliant de me croire avec un cœur rempli d'estime et de reconnaissance,



Madame ma cousine,

de Votre Altesse
le fidèle cousin, ami et serviteur,
Federic.

37. A LA MÊME.

Leipzig, 27 décembre 1762.



Madame ma cousine,

Je suis pénétré, ma divine duchesse, de vos procédés nobles et généreux. Je vous rends mille grâces de la minute que vous daignez me communiquer. Qu'elle fasse l'effet que nous espérons, ou qu'elle soit inutile, je n'en sens pas moins le prix de votre amitié officieuse et de vos louables intentions, et je bénis le ciel, qui, en suscitant d'un côté des ennemis pour me persécuter, me fait trouver d'un autre de ces âmes toutes célestes dont l'amitié généreuse et toutes les vertus devraient servir éternellement de modèles et d'exemples au monde. Si la conduite d'un Bute m'inspire des sentiments d'aversion pour le genre humain, vos vertus, mon adorable duchesse, me réconcilient avec une espèce qui vous a pu produire. Mais pourquoi tous les hommes n'ont-ils pas le cœur et les sentiments de la duchesse de Gotha? Je reconnaîtrais à ces traits l'image du Créateur, qui les a voulu faire semblables à lui-même; la société en serait plus charmante, l'amitié pure en ferait l'essence, et des services réciproques en resserreraient les liens. Je m'abandonne à ces douces rêveries. Malheureusement vous serez, mon adorable duchesse, plus admirée que vous ne ferez d'imitateurs. Pour moi, je compterai pour un des plus grands bonheurs de ma vie d'avoir vécu dans le siècle qui vous a portée, surtout d'avoir possédé votre précieuse amitié