<62>lade, et faut-il encore essuyer, pour surcroît, les mauvais raisonnements de vos médecins à gages, et de ceux qui s'en mêlent encore d'ailleurs? Mais un mal ne vient jamais sans l'autre, et l'on ne pouvait mieux accompagner la souffrance qu'en y associant la Faculté.

Je souhaite d'apprendre de bonnes nouvelles de votre santé. Gardez La Mettrie ou renvoyez-le, selon qu'il pourra vous amuser, et si les véritables médecins l'approuvent, prenez, vers la fin de ce mois, les eaux d'Éger avec moi.

47. DU COMTE ALGAROTTI.

Berlin, 2 septembre 1749.



Sire,

Bien loin qu'un mal ne vienne jamais sans l'autre, Votre Majesté m'a bien prouvé le contraire par la lettre dont elle daigne m'honorer. Je vois, Sire, que Jupiter n'a pas tant versé sur moi de ce tonneau qu'il a apparemment à sa gauche, qu'il n'ait encore voulu ouvrir celui qui est à sa droite. La consultation que V. M. veut bien m'envoyer, car Apollon est aussi médecin, est une émanation divine de ce tonneau bienfaisant, et sera probablement un baume à mes maux. Malgré l'abattement où je suis, la confiance qu'un malade doit avoir en son médecin ne me manque assurément pas, car je me fie presque autant à Federic signé au bas d'une consultation que je me fierais à Federic même à la tête de soixante mille hommes. J'ai déjà commencé, Sire, à suivre les prescriptions de V. M. Ma diète est très-sévère, et je me suis retranché absolument le souper. L'impression de mon livre m'est une dissipation agréable, à moins que la lenteur des imprimeurs ne dérange la sécrétion de ce suc si nécessaire à l'équilibre de l'économie animale. Je rends à V. M. les plus humbles grâces de la permission qu'elle m'accorde touchant M. de La Mettrie, et bien plus encore de ce que V. M. veut que j'achève ma guérison sous ses yeux mêmes. C'est une bien forte