<223>qu'on pût terminer de même des affaires plus importantes qui m'inquiètent. Cependant nous venons de prendre encore un colonel, cent hommes et quatre canons aux cercles. Ils sont à présent entièrement expulsés de la Saxe. Nos hussards ont fait des merveilles. Ces petits succès, mon cher marquis, font que je m'applique ce proverbe latin : Maximus in minimis et minimus in maximis.b L'expédition de la Hesse échoue, et nous nous applaudissons beaucoup d'une centaine de galeux et de quelques coulevrines que nous avons pris. Nos nouvelles levées vont assez bien. Reste à savoir si le Du Moulin en a menti en Suède, ou s'il y a dit vrai. S'il a menti, moi, à la tête de mes décrotteurs, de mes ramoneurs de cheminée, de mes larrons de bataillons francs, je me battrai comme un preux chevalier. Si Du Moulin a dit vrai, j'écrirai sur mon épée : Point homicide ne seras,c et je m'en retournerai à ma charrue comme Quinctius Cincinnatus. Avouez, marquis, qu'un petit trait d'érudition et quelques mots latins donnent de la grâce au style. Un ignorant se pâme d'aise lorsqu'il peut se donner un air scientifique. Quand je suis assez heureux que d'accrocher quelque passage latin, je compare aussitôt mes lettres à celles d'Algarotti,d et je m'en impose à moi-même. Je crois que vous travaillez à présent à la traduction dont vous avez eu la complaisance de vous charger, et j'espère que, l'année prochaine, nous verrons paraître l'ouvrage. Adieu, mon cher marquis; je fais mille vœux pour vous et pour votre conservation, en vous assurant de toute mon estime.

170. DU MARQUIS D'ARGENS.

Le 23 avril 1761.



Sire,

La dernière lettre de Votre Majesté a soulagé la tristesse que m'avaient causée les deux avant-dernières, celle où V. M. me


b Voyez ci-dessus, p. 217.

c Voyez t. III, p. 15.

d Voyez t. XVIII, p. 54, 62, 72, 76, etc.