<270>J'ai trouvé deux endroits, dans les changements, qui ne me paraissent pas corrects :

J'ai vu George et Auguste, et le Czar, prince atroce.

J'ai vu George et Auguste, etc. Il y a là une espèce d'hiatus; George et va fort bien, mais et Auguste, malgré le t, qui ne se prononce pas dans le mot, forme une espèce d'hiatus; c'est là le défaut condamné par Boileau :a

Gardez qu'une voyelle à courir trop hâtée
Ne soit d'une voyelle en son chemin heurtée.

Enfin, Sire, vous êtes maître en Jérusalem. Ce n'est pas à un petit scribe comme moi à condamner le grand maître du temple, à qui tous les mystères du sanctuaire sont connus; mais il me semble que ce vers devrait être changé.

Voici l'autre endroit où je trouve à redire; il ne s'agit point de poésie, mais de la construction grammaticale :

Quoi! ne voyez-vous point qu'ici-bas la fortune
Respecte ni vertu, ni pouvoir, ni naissance?

Il faut absolument ne respecte ni vertu, etc.; la suppression de ne est une trop grande licence.

Voilà, Sire, tout ce que la critique la plus austère a pu me faire découvrir dans votre Stoïcien, qui, selon mon faible jugement, est la meilleure chose que vous ayez faite, parmi tant d'excellentes que vous avez produites.

Il est arrivé ici une affaire dont le récit vous amusera peut-être. Porporinoa a été accusé par une fille de lui avoir fait un enfant; il a été condamné en justice à payer à cette fille cent écus et à nourrir l'enfant dont il a été déclaré le père. Bien loin que Porporino ait appelé à un autre tribunal de ce jugement, il a d'abord payé les cent écus, a reconnu être le père de cet enfant, qu'il a pris et qu'il fait élever chez lui, et a été remercier ses juges de ce qu'ils avaient eu la bonté de réparer le dommage que lui avaient fait les chirurgiens de Venise. Cette aventure fait rire


a Art poétique, chant Ier, vers 107 et 108.

a Fameux chanteur de l'Opéra de Berlin. Voyez t. XIV, p. 444 et 466.