<277>vier. Il vous mettra au fait de bien des choses. Il vous montrera une Épître sur l'origine du mal,b une ode,c la Mort de l'empereur Othond et celle de Caton.e Je vous avoue que l'on peut quitter le monde sans regret et même avec joie quand on se trouve dans des situations comme y sont de certaines gens, et lorsqu'on est persuadé de l'inconstance, de la fragilité des objets et des événements que nous désirons, et que l'on a appris à connaître toute la méchanceté et la turpitude de l'esprit humain. Je vous renvoie au Stoïcien, où je me suis assez étendu sur cela, et vous prie, mon cher marquis, de ne point changer de sentiments pour moi cette nouvelle année, et de compter sur mon amitié.

209. AU MÊME.

Breslau, 5 janvier 1762.

Vous demeurez toujours ferme dans vos anciens préjugés, et vous supposez, en bon catholique élevé dans l'école du merveilleux, que mon frère ou moi nous savons faire des miracles. Je vous l'ai dit souvent, les temps des miracles sont passés, il ne nous reste que de funestes réalités. Les malheurs qui nous sont arrivés en Poméranie ont quelques causes qui me sont connues; c'est le commissariat qui se trouve le plus en faute. Les récits, d'ailleurs, qui vous ont été faits viennent de petites gens qui ne savent pas les combinaisons des choses, et qui ont augmenté les objets. C'est le propre des malheureux de rejeter les causes de leurs désastres les uns sur les autres. Vous savez le proverbe : Les malheureux ont toujours tort. Je vois, mon cher marquis,


b Épître à M. Mitchell, sur Vorigine du mal, t. XII, p. 224-232.

c Ode à ma sœur de Brunswic sur la mort d'un fils tué en 1761, t. XII, p. 33-39.

d Voyez t. XII, p. 237-241.

e Voyez t. XII, p. 242-245.