<35>Je fus obligé, par l'ordre des plus habiles médecins, d'aller passer l'hiver dans un pays extrêmement chaud. Si je n'avais pas été malade, pourquoi n'aurais-je pas passé ce même hiver à Paris, au lieu d'aller au pied des montagnes de Gênes? J'en suis revenu, Sire, il y a un mois, dans la meilleure santé du monde. Mon premier soin, en arrivant à Paris, a été d'aller chez M. de Chambrier, pour savoir s'il n'avait point d'ordre à me donner; il m'a répondu qu'il ne savait rien de précis sur mon compte. Cela m'a empêché de continuer ma route jusqu'à Berlin, ne sachant si j'avais le malheur d'être entièrement disgracié de V. M. Qu'elle me permette donc de lui demander avec l'empressement le plus respectueux la grâce de m'instruire de ses ordres; je m'estimerai très-heureux, s'ils me procurent le bonheur de continuer d'être au service du meilleur maître du monde.a Je n'ai jamais perdu de vue, Sire, un seul instant, depuis que j'ai été éloigné de V. M., les bontés dont elle m'a honoré, et, dans tous les pays où je vivrai, elles seront également gravées dans ma mémoire. Je suis avec le plus profond respect, etc.

27. DU MÊME.

Potsdam, 21 octobre 1752.



Sire,

Votre Majesté m'ayant fait la grâce de m'accorder une pension de mille écus, le 1er de septembre du mois dernier, sur la caisse des domaines, le trésorier m'a fait avertir que le premier quartier était destiné à la caisse des recrues. J'espère que V. M. voudra bien considérer l'état de mes finances, et que, n'ayant rien tiré depuis le mois de janvier que la partie de la pension de feu M. de La Mettrie, ce serait me jeter dans un dérangement dont je ne pourrais jamais sortir, si V. M. n'avait la bonté de m'accorder la grâce d'être payé du jour où elle a eu la bonté de me donner ma pension. J'espère qu'elle voudra m'accorder cette faveur,


a Le marquis d'Argens était de retour à Potsdam le 26 août 1751.