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68. AU MÊME.

(Fürstenwalde) 21(août 1759).

L'ennemi se retranche près de Francfort, signe qu'il ne veut rien entreprendre. Si vous voulez me faire le plaisir de venir ici, vous le pourrez en toute sûreté. Prenez votre lit avec vous, amenez mon cuisinier Noël,a et je vous ferai préparer une petite chambre. Vous serez ma consolation et mon espoir. Adieu.

69. AU MÊME.

Je vous écrivis hier de venir, mais je vous le défends aujourd'hui. Daun est à Cottbus; il marche sur Lübben et Berlin. Fuyez ces malheureuses contrées. Cette nouvelle m'oblige d'attaquer les Russes de nouveau entre ci et Francfort. Vous pouvez croire que c'est une résolution désespérée. C'est l'unique ressource qui me reste pour ne point être coupé de Berlin d'un côté ou de l'autre. Je ferai donner de l'eau-de-vie à ces troupes découragées, pour essayer, par ce moyen, de leur inspirer plus de valeur; mais je ne me promets rien du succès. Ma seule consolation est que je périrai l'épée à la main. Adieu, mon cher. Encore une fois, fuyez, et attendez l'événement pour pourvoir à votre sûreté en cas de malheur. Je vous remercie de l'attachement que vous me témoignez, et vous pouvez compter que j'en conserverai jusqu'au dernier soupir un souvenir reconnaissant.


a Voyez t. XIII, p. 98, et ci-dessus, p. 69.