<134>pas cependant ne vous point témoigner ma reconnaissance. Je vous prie, conservez la bague que je vous envoie comme un monument du plaisir que votre incomparable tragédie m'a causé. Si vous n'aviez jamais fait que Mérope, cette pièce suffirait seule pour faire passer votre nom jusqu'aux siècles les plus reculés. Vos ouvrages suffiraient pour immortaliser vingt grands hommes, dont aucun ne manquerait de gloire.

Vous m'avez obligé sensiblement par les attentions que vous me témoignez en toutes les occasions qui se présentent. Je reste toujours en arrière avec vous, et je m'impatiente de ne pouvoir pas vous témoigner toute l'étendue des sentiments pleins d'estime avec lesquels je suis, etc.

N'oubliez pas de faire mille amitiés de ma part à l'incomparable Émilie.

Il s'est trouvé quelques fautes de copiste dans Mérope; je les noterai, et je vous les enverrai par le premier ordinaire, pour vous prier de me les corriger.a

Césarion n'est pas encore arrivé; il faut avouer que l'amour est un grand maître.

38. DE VOLTAIRE.

(Cirey) janvier 1738.

Monseigneur, je reçois à la fois les plus agréables étrennes qu'on ait jamais reçues : deux bons gros paquets de V. A. R., l'un venant par la voie de M. Thieriot, l'autre par celle de M. Plötz, capitaine dans votre régiment, qui m'adresse son paquet de Lunéville. C'est par ce même M. Plötz que j'ai l'honneur de faire réponse à V. A. R., le même jour ou plutôt la même nuit; car j'ai passé une bonne partie de cette nuit à lire vos vers que


a Cet alinéa, omis dans l'édition de Kehl, est tiré des Œuvres posthumes, t. X, p. 148.