<179>Que ne puis-je vous dire :

........In publica commoda peccem,
Si longo sermone morer tua tempora, Caesar.a

Je suis avec un profond respect, un attachement, une reconnaissance sans bornes, etc.

49. A VOLTAIRE.

Remusberg, 28 mars 1738.b

Monsieur, j'ai reçu votre lettre du 8 de ce mois avec quelque sorte d'inquiétude sur votre santé. M. Thieriot me marque qu'elle n'était pas bonne, ce que vous me confirmez encore. Il semble que la nature, qui vous a partagé d'une main si avantageuse du côté de l'esprit, ait été plus avare en ce qui regarde votre santé, comme si elle avait eu regret d'avoir fait un ouvrage achevé. Il n'y a que les infirmités du corps qui puissent nous faire présumer que vous êtes mortel; vos ouvrages doivent nous persuader le contraire.

Les grands hommes de l'antiquité ne craignaient jamais plus l'implacable malignité de la fortune qu'après les grands succès. Votre fièvre pourrait être comptée, à ce prix, comme un équivalent ou comme un contre-poids de votre Mérope.

Pourrais-je me flatter d'avoir deviné les corrections que vous voulez faire à cette pièce, vous qui en êtes le père, vous qui l'avez jugée en Brutus? Pour moi, qui ne l'ai point faite, moi qui n'y prends d'autre intérêt que celui de l'auteur, j'ai lu deux fois la Mérope avec toute l'attention dont je suis capable, sans y apercevoir de défauts. Il en est de vos ouvrages comme du soleil; il faut avoir le regard très-perçant pour y découvrir des taches.


a Horace, Epîtres, liv. II, ép. 1, Ad Augustum, v. 3 et 4.

b Le 17 mars 1738. (Variante des Œuvres posthumes, t. VIII, p. 369.)