<203>échantillon, et croyez qu'il en est dont l'esprit et la figure ne vous paraîtraient pas réprouvables. Je leur dois bien quelque mot en leur faveur, car elles répandent des charmes inexprimables dans le commerce de la vie; en faisant même abstraction de la galanterie, elles sont d'une nécessité indispensable dans la société; sans elles toute conversation est languissante.

J'attends la Mérope, j'attends quelque merveille fraîchement éclose; j'attends des nouvelles de mon ami, une réponse sur quelques bagatelles que j'ai fait partir pour le petit paradis de Cirey; et toute cette attente me fait bien languir. J'ai oublié de vous dire que j'ai reçu votre Newton, j'entends l'édition de Hollande. Je vous ai promis de vous communiquer toutes mes réflexions; mais le moyen? Je n'ai pas eu, depuis quatre semaines, le moment de me reconnaître, et à peine puis-je vous écrire ces deux mots.

Mille amitiés à la marquise et à tous ceux qui sont assemblés à Cirey au nom de Voltaire. Je vous prie, ne m'oubliez point, et soyez fermement persuadé de l'estime et de l'amitié avec laquelle je suis, monsieur, etc.

55. DE VOLTAIRE.

(Cirey) juin 1738.

Monseigneur, j'ai reçu une partie des nouvelles faveurs dont Votre Altesse Royale me comble. M. Thieriot m'a fait tenir le paquet où je trouve le Philosophe guerrier et les Épîtres à MM. de Keyserlingk et Jordan. Vous allez à pas de géant, et moi, je me traîne avec faiblesse. Je n'ai l'honneur d'envoyer qu'une pauvre Épître : oportet illum crescere, me autem minui.a

Avec quelle ardeur vous courez
Dans tous les sentiers de la gloire!
Seigneur, lorsque vous vous battrez,


a Saint Jean, chap. III, v. 30.