<228>à qui on veut ôter les trésors imaginaires dont ils se repaissaient; ils se croient appauvris, si la nature a des vides. Il semble qu'on les vole; il y en a qui se fâchent sérieusement. Pour moi, je me garderai bien de me fâcher de rien, tant que divus Federicus et diva Emilia m'honoreront de leurs bontés.

Nous venons d'être un peu plus instruits de ce Beringen; c'est une ville entre le pays de Liége et Juliers. Si cela était à la bienséance de Sa Majesté, et qu'elle daignât l'honorer du titre de sa sujette, on recevrait, comme de raison, toutes les lois que Sa Majesté daignerait prescrire. Madame du Châtelet n'a pas osé en parler à V. A. R.; elle me charge d'oser demander votre protection. Nous nous conduirons dans cette affaire par vos seuls ordres. Madame du Châtelet vient d'envoyer un homme sur les lieux; c'est un avocat de Lorraine.

Si l'affaire pouvait tourner comme je le souhaite, il ne serait pas difficile de déterminer M. le marquis du Châtelet à faire un petit voyage. Enfin j'ose entrevoir que je pourrais, avec toutes les bienséances possibles, dussent les gazettes en parler, venir me jeter aux pieds de V. A. R., et voir enfin ce que j'admire.

J'espère que votre autre sujet, M. Thieriot, va venir pour quelques jours dans votre château de Cirey. C'est alors que votre culte y sera parfaitement établi, et que nous chanterons des hymnes que le cœur aura dictés.

Je suis avec le plus profond respect, et cette tendre reconnaissance qui augmente tous les jours, etc.

63. A VOLTAIRE.

Remusberg, 11 septembre 1738.

Mon cher ami, un voyage assez long, assez fatigant, rempli de mille incidents, de beaucoup d'occupations, et encore plus de dissipations, m'a empêché de répondre à votre lettre du 5 d'août, que je n'ai reçue qu'à Berlin, le 3 de ce mois. Il ne faut pas être