<235>comédie; à Londres, Pope en ferait un poëme épique; et en Allemagne, mes bons compatriotes trouveraient de la matière suffisante pour en forger un in-folio bien conditionné et bien épais.

Je vous estimerai toujours également, mon cher Protée, soit que vous paraissiez en philosophe, en politique, en historien, en poëte, ou sous quelle forme il vous plaira de vous produire. Votre esprit paraît, dans des sujets si différents, d'une égale force; c'est un brillant qui réfléchit des rayons de toutes les couleurs, qui éblouissent également.

Je vous recommande plus que jamais le soin de votre santé, beaucoup de diète et peu d'expériences physiques. Faites-moi du moins donner de vos nouvelles, lorsque vous n'êtes pas en état de m'écrire. Vous ne m'êtes point du tout indifférent, je vous le jure. Il me semble que j'ai une espèce d'hypothèque sur vous, relativement à l'estime que je vous porte. Il faut que j'aie des nouvelles de mon bien, sans quoi mon imagination est fertile à m'offrir des monstres et des fantômes pour les combattre.

N'oubliez pas de faire ressouvenir la marquise de ses adorateurs tudesques. Soyez persuadé des sentiments avec lesquels je suis, mon cher ami, etc.

65. AU MÊME.

Remusberg, 30 septembre 1738.

Quoi! des bords du sombre Élysée,
Ta débile et mourante voix,
Par les souffrances épuisée,
S'élève encor, chantant pour moi!
Jusque sur la fatale rade
J'entends tes sons harmonieux;
Voltaire, ta muse malade
Vaut cent poètes vigoureux.
De notre moderne Permesse
Et le Virgile et le Lucrèce,