<299>sont mal faits, ma raison est assez éclairée pour me faire admirer les vôtres. Je vous remercie de M. de Coucy,a qui est, selon moi, votre chef-d'œuvre tragique. Quant à l'Empereur Julien,b il pourra devenir excellent, si vous y ajoutez les raisons pour et contre de sa conversion, et que vous retranchiez, dans ce que j'ai lu, l'endroit où vous effleurez ce sujet, qui est trop faible en comparaison des arguments forts que vous ajouterez.

316. AU MÊME.c

Octobre 1752.

Si je n'avais pas eu hier une terrible colique, accompagnée de violents maux de tête, je vous aurais remercié d'abord de la nouvelle édition de vos Œuvres que j'ai reçue. J'ai parcouru légèrement les nouvelles pièces que vous y avez mises; mais je n'ai pas été content de l'ordre des pièces, ni de la forme de l'édition. On dirait que ce sont les cantiques de Luther, et, quant aux matières, tout est pêle-mêle. Je crois, pour la commodité du public, qu'il vaudrait mieux augmenter le nombre des volumes, grossir les caractères, et mettre ensemble ce qui convient ensemble, et séparer ce qui n'a pas de connexion. Voilà mes remarques, que je vous communique, car je suis très-persuadé que nous n'en sommes pas à la dernière édition de vos Œuvres. Vous tuerez et vos éditeurs et vos lecteurs avec vos coliques et vos évanouissements, et vous ferez, après notre mort, le panégyrique ou la satire de tous ceux avec lesquels vous vivez. Voilà ce que vous prophétise, non pas Nostradamus,a mais quelqu'un qui se


a Le sire de Coucy est un des principaux personnages de la tragédie de Voltaire qui fut représentée à diverses époques et avec divers changements, sous les titres de : Adélaïde Du Guesclin, le Duc d'Alençon, et Amélie, ou le Duc de Foir.

b Article du Dictionnaire philosophique.

c Supplément aux Œuvres posthumes, t. II, p. 386 et 387.

a Voyez t. XVII, p. 142.