<52>faisaient, qu'il les avait obligés à faire la paix, dont il avait dicté les conditions. Entreprenez cette tâche-là; vous vous érigerez un monument que les temps n'effaceront pas. Virgile accompagna Mécène au voyage de Brindes, où Auguste fit sa paix avec Antoine; et Voltaire, sans voyager, dira-t-on, fut le précepteur des rois comme de l'Europe. Je souhaite que l'on puisse ajouter ce trait à votre vie, et que je puisse vous en féliciter bientôt. Adieu.

364. AU MÊME.

Reich-Hennersdorf, 2 juillet 1759.

Votre muse se rit de moi
Quand pour la paix elle m'implore.
Je la désire, je l'honore;
Mais je n'impose point la loi
Au Bien-Aimé, votre grand roi,
A cette Hongroise qu'il adore,
A la Russienne que j'abhorre,
A ce tripot d'ambitieux,
De qui les secrets merveilleux

Que Tronchin sait, et que j'ignore,
Ne sauraient réparer les cerveaux vicieux
Qu'en leur donnant de l'ellébore.
Vous, à la paix tant animé,
Vous, qu'on dit avoir l'honneur d'être
Le vice-chambellan du second Bien-Aimé,a
A la paix, s'il se peut, disposez votre maître.b

C'est à lui qu'il faut s'adresser, ou à son d'Amboise en fontange.c Mais ces gens ont la tête pleine de projets ambitieux; ils


a Charles VI, roi de France, qui succéda en 1380 à son père Charles V, dit le Sage, et mourut en 1422, était aussi appelé le Bien-Aimé.

b Ces vers se trouvent déjà, avec quelques corrections, dans notre t. XII, p. 126.

c La marquise de Pompadour. (Note de l'édition de Kehl.) Voyez t. XII, p. 68.