<104>l'avoir acheminée, si je vois que j'ai convaincu V. M. du désir que nous avons d'entretenir avec elle le meilleur voisinage! Ce sera bien le moyen de me procurer ces années heureuses que V. M. a la bonté de me souhaiter. Je la prie d'agréer de ma part des vœux également sincères. Jouissez, Sire, en parfaite santé de votre gloire et des fruits de vos travaux, et conservez vos sentiments d'amitié à celle qui sera constamment avec la plus haute considération, etc.

57. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Berlin, 7 janvier 1766.



Madame ma sœur,

Si la force de la vérité me fait publier quelque éloge de votre mérite, quand j'oublie, madame, que j'écris à V. A. R., je la prie de me le pardonner; c'est vouloir parler de géométrie sans y mêler les idées de surface, de profondeur et de calculs. Élevé dans les camps et dans le tumulte des armes, je n'y ai point appris l'art de déguiser mes pensées; la vérité naïve, la conscience intime de mes pensées, passent dans mes paroles, ainsi qu'au bout de ma plume. J'ai les cinquante ans bien passés; on ne se corrige pas à cet âge; ainsi, madame, j'ai recours à votre indulgence, à votre bonté, à votre équité. Prenez-moi tel que je suis, et que je resterai probablement jusqu'au moment que j'irai rôtir en purgatoire, entre votre défunte belle-mère et la bonne madame Lodron.

Mais avant que d'aller à ce lieu d'expiation, V. A. R. désire qu'on nomme des commissaires pour ajuster et régler ce qui se peut pour le commerce commun. Je vais, madame, selon vos intentions, remettre cette affaire aux ministres; nous détacherons grosse perruque contre grosse perruque, et ils feront des merveilles. Souffrez toutefois, madame, que j'ajoute à ceci quelques réflexions.