<123>perts, qui ne m'ont recommandé que des remèdes palliatifs. Excédé de cette défiance, qui m'est souvent à charge, il m'est venu dans l'esprit d'avoir recours aux reliques de madame Lodron. C'est, dis-je, une femme qui doit être au troisième ciel au moins, après tout ce qu'on a fait pour elle; si je l'invoque, reconnaissante d'un petit service que je lui ai rendu au purgatoire, elle me fera obtenir de là-haut ce que je n'ai pu arracher jusqu'ici avec mes prières. Cette affaire arrangée, alors je serai dans les règles; j'aurai le plaisir de tout croire; j'aurai des miracles pour mon édification, des prodiges tout plein pour m'y accoutumer, et des sorciers pour mes menus plaisirs. Ce plan, madame, me ravit d'aise, car alors je n'aurai plus le cœur gros d'entrevues manquées, je verrai tout des yeux de la foi, et, par-dessus cela, si, avec un grain de foi, on peut transporter une montagne, je me transporterai plus facilement moi-même : plus de chevaux de poste pour voyager, plus de portes à verrous; tous les chemins me seront ouverts, et un beau jour vous me verrez, madame, dans votre antichambre, à vos pieds. Tout ceci est fondé sur la confiance que j'ai en la sainte Lodron. Mais si son secours me manque, je suis obligé de renoncer à d'aussi belles espérances; il n'y aura que mes lettres qui pourront parvenir à votre sanctuaire, et je n'aurai d'autre consolation que de vous assurer, madame, de mon estime infinie, de tous mes sentiments, et de l'admiration avec laquelle je suis, etc.

72. A LA MÊME.

Le 21 octobre 1766.



Madame ma sœur,

J'ai appris avec non moins de surprise que de douleur la maladie inopinée qui, madame, a menacé vos jours précieux; j'ai tremblé pour la vie d'une princesse qui fait l'ornement de l'Allemagne, et qui m'honore de son amitié. M. de Stutterheim m'a